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Relations Conception / Entretien

 

Relation paysagiste / architecte bâtiment, urbaniste

 

  • Pour avoir travaillé dans plusieurs projets immobiliers, et urbains, on ressent bien que notre travail est accessoire, voire superflu pour beaucoup d'architectes. Dans les bâtiments industriels ou commerciaux, il y a une réglementation nationale ou locale, qui impose de planter un certain nombre d'arbres dans le projet. Mais s'il vous plaît ne cachez pas mon bâtiment ou mon enseigne.

    Ce mépris se traduit par plusieurs faits :

  • L'architecte bâtiment positionne seul ses ouvrages sur le terrain. Bien sûr, cela paraît évident, et pourtant s'il avait travaillé en concertation avec un architecte paysagiste, ils les auraient peut-être positionné autrement ; et le résultat final aurait été tout autre.

  • Tous les espaces qui ne sont ni des bâtiments, ni des voiries, ni des stationnements, sont des espaces à végétaliser. Il lui arrive aussi, régulièrement de positionner haies, massifs et arbres isolés, seul et en dépit du bon sens. Des fois, l'entreprise doit chiffrer la fourniture et la plantation d'arbre non déterminé et de taille moyenne, sans plan de plantation. D'autre fois, le lot « espaces verts » est dans le lot maçonnerie ou terrassement, et l'entreprise qui prend contact avec l'entreprise de paysage, lui demande un chiffrage, qui ne nuise pas à ces chances d'avoir le marché.

  • L'architecte bâtiment a confié à un « architecte paysagiste » la conception des espaces verts, sans lui fournir les emplacements (et la taille) des lampadaires, des poteaux incendies, des chambres de tirages, des regards, des réseaux enterrés, des grilles de ventilations des garages souterrains, sans que ce dernier se soucie de ces détails. Sauf, que vous ne pouvez pas décemment planter des arbres sur des réseaux qui sont juste à cinquante centimètres de profondeur (sans risquer tôt ou tard de les casser), et que vous ne voulez pas vous retrouver avec ces arbres, que vous avez achetés, sur les bras. Alors, ils sont casés de force dans le projet. Ils peuvent aussi être remplacés par d’autres végétaux, surtout en fin de saison de plantation. Pourquoi l’entreprise achèterait des végétaux, alors que ses jauges regorgent de végétaux qui vont mourir pendant l’été, surtout quand le surveillant de travaux fait tout juste la différence entre un pommier et un sapin.

  • Dans certains projets « d'architectes paysagistes », on ressent une totale absence de connaissance des plantes et de leurs développements. Souvent je me demande comment ces personnes trouvent des clients, à une époque où il faut des références. D'autre fois, il ne lui a pas été confié le suivi de chantier, et lors des réunions de chantier, vous sentez bien que c'est le cadet des soucis de l'architecte bâtiment.

 

 

Relation Conception Entretien

 

Sujet rarement abordé, comment une conception qui n'est pas pensée en fonction de l'entretien futur, produit un aménagement extérieur médiocre ?

Plusieurs facteurs conduisent à cet effet :

  • La conception d'un jardin se fait non pas en 3D, mais en 4D. La quatrième dimension est le temps, élément difficilement représentable sur un document graphique, à moins d'en demander plusieurs. Par exemple, à la plantation, à 10 et à 50 ans.

Pour que le projet soit beau le jour de l'inauguration, on densifie les plantations des végétaux ligneux, en oubliant que tout végétal est programmé pour atteindre une certaine hauteur et une certaine largeur, cela variant légèrement d'un individu à l'autre dans la même espèce. Vous pourrez le tailler tant que vous voudrez, il aura toujours cet objectif en tête. Peut-être faudrait-il mieux tenir compte de ce fait lors de la conception. Economiquement parlant, que souhaitez-vous voir deux plantes sur trois mourir car elles ne peuvent pas se développer correctement, ou devoir les tailler ou les faire tailler pour que chacune essaie de survivre ? On gagnerait sans doute de l'argent en arrachant les plantes en surnombre, plutôt que de les tailler une ou deux fois par an pendant vingt ans ou plus. D'autant plus qu'esthétiquement, le résultat et discutable.

 

 

 

  • A l’heure, où l’on parle beaucoup de sécurité, et où les entreprises affichent fièrement le nombre de jours sans accident, les concepteurs devraient aussi être des ergonomes, pour favoriser un travail en sécurité, et minimiser les coûts d’entretien.

 

  • Ils devraient aussi avoir en tête la production minimale de déchets. A quand la petite affichette qui vantent la qualité énergétique du produit, que l’on trouve sur les maisons à vendre ou à louer, et sur les appareils électroménagers, sur les projets d’aménagements paysagers?

 

  • Des fois, il y a des projets très design, et quand on les réalise, on se demande comment cela va être entretenu sans désherbant. Ce n’est pas très bon pour la nature, je suis d’accord. Mais pour en limiter l’usage, il va falloir y penser dans la conception.  Immanquablement, des plantes vont pousser sous cette couche de cailloux. Comment fait on pour les arracher ? Quand on s'en apercevra, elle seront bien installées. A l'eau chaude ? On est surpris de voir la végétation reprendre un an après un incendie de forêt.

Quel est l'entretien prévu par le concepteur pour cette zone?
  • Les zones difficiles à planter, ce n'est pas grave. La pelouse n'est pas chère. Mais tondre une bande de quarante centimètres coincée entre un mur et des voitures, c'est du sport. Surtout qu'un jour ou l'autre, cela se finira par un constat pour bris de vitre ou rayures sur carrosserie.

Comment entretenir sans risques pour les biens et les personnes?
  • Un talus coûte moins cher à la construction, qu'un mur, et nous avons donc de fortes pentes végétalisées à entretenir, un vrai plaisir. Une forte pente, c'est dangereux, il y a donc une clôture juste à la rupture de pente, un ou deux mètres avant cela aurait été mieux ; ainsi on peut travailler les pieds à plat, du dessus. Et bien sûr, la clôture n'est pas assez solide pour s'accrocher dessus. 

  • J'ai aussi vu une pelouse entièrement clôturée, sans portillon.

Cet ouvrage ne pourrait il pas être intégré dans les espaces verts, avec des pentes moins raides, sur une surface plus grande?
  • Beaucoup de pentes (noues, fossés, talus,...) ne sont pas pensées pour permettre une tonte à la tondeuse (la plus grosse possible). J'ai déjà vu des chantiers, où il y avait des pelouses en pentes qui étaient barrées par des massifs et des escaliers, à mon avis quand c'est possible, il y faudrait prévoir un accès à travers les massifs, ou alors tôt ou tard l'escalier sera détruit ou aménager pour permettre l'accès des tondeuses, à moins qu'il y ait une grosse majoration des prix de tonte.

 

Succession d'escaliers empêchant le passage de tondeuses
  • En ville, trouver une place de stationnement pour le véhicule d'entretien avec sa remorque, peut être une épreuve, et faire la navette entre cette place et le chantier une autre.

 

Notion de volume disponible

 

Un bon concepteur devrait visualiser la surface à aménager, ainsi que le tirant d'air qui lui est associé, et choisir des plantes dont la taille adulte est en adéquation avec ce volume. Par exemple pour un massif :

  • Se trouve-t-il en bord de chemin (la végétation ne peut pas dépasser) ou au milieu d'une pelouse ?

  • Que peut-on planter sous une fenêtre, une ligne électrique ou un lampadaire ?

  • Que planter dans un massif de trois mètres de largeur, pour qu'il n'y ait rien à tailler ?

Il devrait aussi voir quand une surface n'est pas suffisante pour permettre un bon développement  du végétal, soit car le volume d'air qui lui est associé est trop faible, d'où une esthétique discutable. Soit car le volume de terre est lui aussi trop faible (plantation sur étanchéité, arbre planté sur parking) pour un bon développement racinaire, sans causer des dégâts au voisinage (par exemple : déformation de l'enrobé, qui sera fatal à l'arbre ; l'histoire se finissant avec un coup de tronçonneuse).

En vert, les zones qui auraient pu être exploitées pour un autre aménagement
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