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Végétaux en port naturel pour oublier les constructions alentour
Le métier de paysagiste
 

A une époque, où de plus en plus d'entrepreneurs paysagistes, se définisssent comme "Concepteur d'ambiances extérieures", et où la perception de la profession de paysagiste varie considérablement entre les ruraux et les citadins, et parfois même au sein du métier. Il me semble nécessaire de redéfinir notre métier.

Il consiste à concevoir, aménager et entretenir un espace, la plupart du temps à l'extérieur, en tenant compte des accès aux différents bâtiments et centres d'intérêts, des limites de propriétés, des vis à vis, et des différentes zones techniques souhaitées (stationnement, détente, jeux, corde à linge, potager,...) ; afin qu'il soit beau toute l'année, pratique, et d'un entretien en conformité avec les souhaits du client.

Ce métier, contrairement à une idée reçue, est très technique, puisqu'il demande un certain sens artistique et la maîtrise de nombreux savoirs faires :

- Ecoute et transcription des souhaits du client.

- Découpage et organisation de l'espace donné.

- Représentation graphique, description et chiffrage du projet.

- Gestion et organisation de chantiers, et de personnel.

- Maîtrise de techniques de conduite d'engins de terrassement, de maçonneries (pierres, briques et béton), de charpentes (terrasses et clôtures bois), de plomberies (arrosage automatique, bassins),  de couvertures (étanchéité de bassin, protection et végétalisation de garages enterrés), de clôtures, et la connaissance des plantes et des écosystèmes pour les plantations et l'entretien.

Ces connaissances et ces fonctions sont partagées entre plusieurs personnes dans les grandes entreprises.

Depuis quelques années, en travaillant régulièrement avec des apprentis, je suis atterré par leur méconnaissance des végétaux, tous niveaux scolaires confondus (du CAPA au BTS).

C'est aussi un métier très hiérarchise, et très cloisonné. Il y a trois secteurs :

  • Conception. Pour des projets collectifs, ou associés à un projet de construction ou de rénovation de bâtiments, la conception est généralement confiée à des bureaux d’études paysagistes. Ils dessinent le projet, le quantifient, présentent un pré chiffrage, rédigent les éléments nécessaire (plans, descriptif et quantitatif) à l’appel d’offre. Certains ont le diplôme d’architecte, d'autre ingénieur. Le cursus scolaire fait que rares sont les concepteurs qui sont passés par une période plus ou moins longue sur le terrain. Pour les conceptions pour les particuliers, et les chantiers ne faisant pas l’objet d’un appel d’offre, le bureau d’études peut être indépendant ou faisant partie intégrante de l’entreprise qui réalisera les travaux.

  • Réalisation. Les parts Réalisation et Entretien sont très variables dans le chiffre d’affaire des entreprises. La proportion de réalisations de chantiers en appel d’offres, et de gré à gré est elle aussi très variable. Les grosses entreprises fonctionnent presque exclusivement en appel d’offre.

  • Entretien. Ce secteur est, malheureusement, le plus méprisé de notre profession. Plusieurs

 facteurs expliquent ce fait :

 

  • C'est une actvité dont la technicité est difficilement reconnue, tant par les professionnels, que par le grand public. Et pourtant, pour être bien pratiqué ce personnel devrait possèder de bonnes connaissances en végétaux (noms, taille adulte, port, floraison)au différents stades de végétation,  différentes méthodes de taille qui peuvent leur être appliquées, connaissance des maladies et éventuellement traitement.

S'il est facile d'arracher une plantule, quelques années plus tard, c'est autre chose.

A votre avis, quel rapport y a t il entre les deux plantes ci dessus?

 

Aucune, c'est la même plante, le saule marsault (Salix caprea), au stade plantule, et au stade adulte. C'est une plante qui se reproduit et se ressème très bien. Les graines volent et poussent dans tous les endroits suffisamment humide. Il arrive fréquemment que les graines se déposent sur des cultures d'arbustes ou de jeunes arbres cultivés en conteneur , ainsi si les personnes qui plantent ces végétaux, ne font pas attention, ou sont mal formée ; la plantule reste. En fonction des différentes régions des pépinières, nous pouvons aussi avoir le même problème avec le bouleau ou l'ajonc.

Une fois installée, cette plante est difficile, voire impossible à arracher seule. La tige casse au niveau du sol, quand on essaie de l'arracher à la main. Après un an de plantation la seule méthode pour s'en débarrasser est l'arrachage à la bêche, en faisant bien attention de retirer l'intégralité de la racine ; si besoin est en arrachant aussi la plante accompagnatrice, et en la remplaçant.

Après deux ans, c'est cuit. Je n'ai jamais vu de surveillant ou contrôleur de travaux demander ces arrachages. C'est bien dommage, car cela nuit grandement au projet par la suite.

La méconnaissance des végétaux sévit à tous les postes.

  • C’est un secteur très concurrentiel. Le client fait venir plusieurs entreprises, et prend la moins chère. Comment être la moins chère ? En se trompant dans son estimation, en ne comptant pas ces heures (économiquement, cela ne tient pas longtemps), en employant des salariés subventionnés (ESAT, emploi aidé) ; en proposant des exonérations de charges (ESAT, avec l’obligation pour les entreprises de plus de vingt salariés d’employer des travailleurs handicapés), en mécanisant au maximum les tâches, avec les plus grosses machines, en n’évacuant pas les déchets (tonte et taille), en traitant au maximum (désherbant, retardateur de pousses), en oubliant certaines tâches, en sachant d’avance qu’il sera impossible de respecter les périodicités de passage.

 

  • Les personnes qui travaillent dans ce secteur ; vivent un éternel recommencement. Quand ils quittent le chantier, il est propre, quand ils reviennent tout est à recommencer. Je me souviendrais toujours de l’un de mes gars, me dire si tu as un petit chantier de création à réaliser, n’importe quoi, donnes nous le. Ce travail est d’autant plus dur que dans notre profession, il est très difficile pour un salarié de passer du secteur entretien au secteur création.

 

  • Comme évoqué plus haut, c’est le secteur qui reçoit le plus de personnes, peu qualifiées, en voie de reconversion ou de réinsertion, ou en situation de handicap. Cela peut nuire des fois à la qualité du travail.

 

  • Et pourtant, comme nous allons le voir, ce secteur est crucial, pour la pérennisation d’espaces verts de qualité. D’autant plus quand la conception a pris en compte le devenir du projet et son entretien.

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