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Végétal en port naturel

 

Chaque végétal est programmé pour atteindre une certaine taille, celle ci pouvant varier légèrement en fonction des conditions climatiques, de l'exposition et du sol. La silhouette du végétal ligneux (arbre ou arbuste) varie en fonction des conditions de vie. Le port d'un même arbre sera différent s'il pousse en forêt, seul au milieu d'un champ, sur la cote exposé au vent, en altitude, ou par groupe de deux ou trois.

 

La définition d'un bel arbre varie aussi en fonction de la profession qui gravite autour. Pour un bûcheron, c'est un arbre avec un grand tronc (car on peut le débiter en bois d’œuvre), pour le pépiniériste, c'est un végétal compact au feuillage bien dense (car il présente tout de suite bien, il est facile à ranger et il ne s 'emmêle pas avec ses voisins, et on ne risque donc pas de casser ses branches en le retirant du lot ), pour le paysagiste (et pour moi, en particulier) c'est un arbre avec un ou plusieurs troncs et une belle ramure qui laisse passer la lumière, un arbre qui offre surtout en hiver, une belle silhouette. Le bonsaï recherche la sublimation de ces formes. De plus en plus de villes, conscientes de l'importance de ce patrimoine, ont adoptées un système d'évaluation financière de la valeur de leurs arbres. Celui ci prend en compte notamment l'espèce, sa taille et son age, sa situation, son état de santé.

Dans certaines villes, comme par exemple Phoenix, en Arizona, est ajouté une valeur environnementale sur le rôle que jouent les arbres, en fonction de leurs âges et de leurs développements sur la température urbaine (îlot de chaleur) (diminution de la température en journée et augmentation la nuit), et sur la répercussion économique en terme de consommation électrique (climatisation, chauffage) et de bien être pour les habitants. Dans cette étude, il est aussi démontré qu'il est rentable de prévoir de suite de bonne condition de vie pour l'arbre (fosse de 15 m3 par arbre), plutôt que d'avoir des trous ridicules dans lesquels ils vont végéter, puis mourir et qu'il faudra remplacer.

Pour d'autres villes, comme Portland en Oregon, l'arbre fait parti du système de gestion des eaux pluviales, en effet 40% des eaux de pluie qui tombent dans un milieu naturel sont réintégré dans le cycle de l'eau par l'évapo-transpiration, et 25% pénètre dans la zone racinaire, et à votre avis quel est le milieu le plus performant pour cela un terrain de football, ou la même surface de forêt ? Là encore, il faut lui donner la possibilité de se développer pour optimiser son potentiel.

La valeur d'un arbre n'est donc pas seulement fixée par son prix sur le marché du bois (œuvre ou chauffage), ou par son esthétisme, elle est multiple, et difficilement quantifiable.

 

Chaque arbre d'un jardin ou d'un espace public devrait être une œuvre d'art offerte par la nature et l'homme.

Pour en arriver là, il faut d'abord se poser une question, la toute première,  avant d'envisager l'achat d'une plante. Quel est l'espace au sol, que je souhaite lui consacrer, quel est le volume au dessus de lui, où il pourra se développer en liberté sans taille, et surtout sans me gêner (proximité de mur, de fenêtre, de voisin, de réseaux souterrains ou aériens, d'autres arbres ou arbustes). Une fois que vous avez déterminé cette surface et ce volume, choisissez dans la gamme existante, en fonction de vos autres critères (persistant, caduque, couleur du feuillage ou des fleurs,...). Au départ, vous aurez une petite plante qui mettra un certain temps à s'établir, mais ensuite, elle vous épargnera la corvée de taille, une ou deux fois par an. D'accord il faut de la patience, mais voyez les beaux arbres que nous ont léguées les générations précédentes. En plus de cela, les déchetteries sont surchargées, et cela a un coût.

A cela, il faut ajouter un fait, il est politiquement difficile d'abattre un bel arbre, une fois qu'il est planté. Par contre il est tout à fait possible de le massacrer à grand coups de tronçonneuses, le laisser dépérir, et ensuite l'abattre. Cynique? Non réaliste.

 

Mais pour cela, il faut avoir les bonnes sources d'informations. Un jour, j'achète un érable japonais (Acer palmatum « Bloodgood »), sur un livre il est donné pour une hauteur de 3 m, je le plante à coté de la maison, sur un autre il est donné pour une hauteur de 5 m, et finalement sur un livre consacré uniquement au érables japonais (300 variétés décrites dans le livre), il est donné pour 10 m. L'hiver suivant, je l'ai arraché et éloigné de la maison. Actuellement, il fait 1,40 m, et il est fort probable que je ne le verrais jamais à 10 m ; mais quand il atteindra cette taille, il y aura un peu de moi en lui, même si personne s 'en doute. Tous les ans, et pendant quelques années encore, je le taille au sécateur, pour le conduire dans la forme que je souhaite lui donner (formation du tronc et des charpentières), ainsi j 'aurais un bel arbre sans cicatrises, et à un moment, je le laisserais se débrouiller tout seul, exactement comme un enfant.

 

En France, depuis les dernières glaciations, la forêt primaire composée majoritairement de chênes, recouvrait quasiment l'ensemble du territoire. Ce biotope est le stade ultime du processus, et si nous arrêtions de cultiver et d'entretenir les champs et les jardins pendant 200 ou 300 ans, tout retournerait à ce stade. Un jardin ou un espace vert est un milieu complètement artificiel, qui ne peut subsister sans entretien, à chacun de décider combien de temps et d'argent, il souhaite y consacrer. Pour moi, les « mauvaises herbes » les plus gênantes ne sont pas le chiendent, le liseron, les chardons, la grande oseille ou l'ortie, mais sont des plantules (jeunes plants issus de semis spontanés) d'arbres (chênes, érables, frênes, saules, bouleaux, noisetiers, laurier,....), car une fois enracinées au milieu des plantations, il est très difficile de s'en débarrasser, et elles finissent par transformer ou nuire à l'esthétique globale du projet.

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